Enquête conjoncturelle d'automne 2025

Delémont, le 30 octobre 2025 – Les entreprises jurassiennes ressentent pleinement les effets conjugués des tensions géopolitiques mondiales, d’une conjoncture toujours déprimée en Chine, des droits de douane américains et du franc fort. La grande enquête conjoncturelle d’automne de la CCIJ confirme la crise profonde que traverse le tissu industriel jurassien, orienté vers des secteurs particulièrement impactés par les tarifs US et les perturbations qui en découlent sur le commerce mondial. Par effet domino, l’économie régionale dans son ensemble commence à être affectée. Dans ce contexte, les perspectives sont plus incertaines que jamais.  

Près de la moitié des 110 entreprises ayant répondu à notre enquête qualifient leurs affaires actuelles de mauvaises ou médiocres. Elles n’étaient qu’un quart à faire ce constat en 2024, et à peine 13% il y a deux ans. Un quart seulement des entreprises continuent de réaliser de bonnes ou d’excellentes affaires. Le climat des affaires s’est donc fortement dégradé en l’espace d’une année, en raison de la persistance d’une conjoncture apathique en Chine et surtout, du coup d’assommoir provoqué par les droits de douane américains en vigueur depuis le 7 août 2025. Nos entreprises exportatrices mesurent chaque jour la grande difficulté de franchir ce mur tarifaire de 39% et sont également fortement pénalisées par rapport à leurs concurrents européens et japonais notamment.

Vu d’aujourd’hui, une embellie à court ou moyen terme n’a que peu de chances de survenir. 59 % des entreprises, et même 76 % dans l’industrie, n’anticipent en effet pas de reprise avant le milieu de l’année prochaine au plus tôt. Leurs anticipations se basent en particulier sur des carnets de commandes peu fournis, ce qui contraste fortement avec la période post-COVID où ces derniers étaient pleins. Les droits de douane et le franc fort pèsent par ailleurs considérablement sur les marges, qui sont qualifiées de mauvaises ou médiocres par près d’un tiers des entreprises.

La crise actuelle se reflète également sur l’emploi. Jusqu’à présent, les entreprises ont recouru massivement à la RHT, dont la durée maximale a été prolongée à 24 mois par les Chambres fédérales. Cette mesure a permis d’éviter une forte augmentation du chômage, qui, à 5% dans le Jura à fin septembre, demeure toutefois le plus élevé du pays. 30% des entreprises indiquent avoir dû réduire leurs effectifs en 2025 et une entreprise sur cinq pense en faire de même en 2026, un chiffre là aussi en augmentation. L’industrie jurassienne, très impactée par les nouveaux tarifs US, sera contrainte d’investir moins en 2026. Seules 52 % des entreprises de ce secteur prévoient de le faire, alors qu’elles étaient encore 70 % il y a une année. En dépit d’une inflation quasi nulle, (+0,2 % à fin septembre 2025), les entreprises prévoient une hausse moyenne pondérée des salaires de 0,7 % en 2026.

L’enquête, réalisée en partenariat avec les Chambres de commerce de Suisse latine, s’intéresse également aux conséquences de l’instabilité géopolitique mondiale actuelle. 77 % des entreprises jurassiennes se disent impactées de près ou de loin par ces problématiques, qui se traduisent dans l’immense majorité des cas (84 %) par des baisses de commandes ou de ventes. Un quart des sondés ont été contraints de restructurer, alors qu’une entreprise sur cinq a diversifié ses produits. Peu d’entre elles (16 %) ont jusqu’à présent augmenté leurs prix, mais elles sont plus d’un tiers à avoir dû sacrifier leurs marges.

Le contexte actuel rend encore plus urgent l’allègement réglementaire et bureaucratique. Notre enquête montre que 60 % des entreprises considèrent ces charges comme plutôt élevées ou élevées. Les normes environnementales sont celles qui ont le plus augmenté depuis dix ans.

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